mardi 28 avril 2015

Un petit tour sur la High Line pour admirer le printemps new yorkais

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Cela fait trois samedis en un peu plus d'un mois que je parcours la High Line.

Oui, toi lecteur de New York ayant déjà parcouru ladite High Line au printemps, chose que j'ai faite quatre fois depuis que je suis arrivée, sait à quel point je suis courageuse. Mais, si je l'ai faite aussi souvent et ce, malgré les foules de touristes et de new yorkais qui s'y baladent, c'est avant tout parce qu'elle permet de donner un autre point de vue sur la ville, un peu plus de hauteur somme toute (sans blague)...


Pour toi, lecteur non new yorkais, voici ce qu'est la High Line: l'équivalent de la promenade plantée à Paris/la coulée verte pour les intimes. Laquelle coulée verte constitue également un parcours assez audacieux un dimanche vers 16h, heure de pointe des familles à poussettes, mais laquelle Coulée Verte a aussi été cinq ans durant pour moi, l'itinéraire de base de mes footings dominicaux. Bref, passons.

Pour toi, lecteur non new yorkais ET non parisien (outch!), la High Line c'est une ancienne voie de chemin de fer, dix mètres au-dessus du sol, qui a été réhabilitée il y a moins de dix ans, en promenade plantée. Totalement piétonne, totalement rendue à la nature. Conservation maximale de la biosphère. Utilisation de sel déneigeant SANS adjuvant chimique. Une végétation rappelant volontairement l'état de friche dans lequel cette voie de chemin de fer est restée des années durant. Bref, vous l'aurez compris la High Line c'est la communion de la ville et de la nature (mais alors une grosse communion ou on serait très très nombreux, hein).


Je me moque, je me moque, mais il faut bien rendre à César -blablabla- la High Line nous donne l'occasion d'observer de haut les rues de New York (il y a même un observatoire, sorte de vitre géante face à la rue, au milieu), de passer entre les entrepôts du meatpacking district et les bords de l'Hudson, et d'admirer l'architecture de quelques très beaux hôtels à Chelsea (dont un en forme d'iceberg au niveau de la 18e rue).

[Tu le visualises la, l'iceberg ? Avec le Chelsea Piers en fond...]
Tout au long du parcours, on peut aussi s'amuser à chercher les tags. Certains sont très visibles et connus, d'autres nettement moins :0)

[Un tag s'est caché sur cette photo. Sauras-tu le retrouver ?]

Petit topo historique: cette voie de chemin de fer, qui initialement était en pleine rue, sur la 10th, a été construite en 1930 pour limiter le nombre d'accidents piétons/locomotives, devenus vraiment trop fréquents. Abandonnée en 1980, elle aurait été détruite si un groupement de citoyens locaux ne s'était pas constitué en association pour en demander la réhabilitation, à l'image de la promenade plantée parisienne sus-citée. Bloomberg, encore maire à l'époque, à validé le projet, fait débloquer quelques milliards (dans pareille situation, être milliardaire ET maire de New York, ça aide) et la promenade a été ouverte au public en 2009. Le dernier tronçon (entre la 34th et la 30th street) a été inauguré en septembre 2014. Il permet de surplomber la gare de fret, assez impressionnante par la longueur de ses rails!

[Premiere visite en mars, sous la pluie]

[Du coup, comme il pleuvait, c'etait desert!]

[Particulierement sur le troncon 34th-30th. Ambiance legerement lugubre entre les entrepots,
les voies de chemin de fer et la luminostie particuliere. On s'attend un peu a croiser Emile Louis]
La promenade est courte (un tout petit peu plus de 2km), mais avec le monde et les nombreuses invitations à lézarder au soleil (y compris des transats en bois coulissant sur les anciens rails), il faut compter une heure.



[Acalmie dans le monde, vite, sortons l'appareil!]
Évidemment, on peut très classiquement terminer par un déjeuner au Chelsea Market, ou l'on pourra soit prendre une chicken pot pie à emporter, ou bien se poser avec un lobster roll sur les tables dehors, ou encore évidemment, déguster un bon plat de pâtes Giovanni Rana (oui, oui, comme les pâtes fraîches du Franprix, épaves une addition toutefois un peu plus salée que l'eau de la cuisson desdites pâtes, hein).

mardi 21 avril 2015

[Defi blog:] le printemps a New York

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Cet article participe au défi blog « The 20th in America » initié par Laetitia de French Fries and Apple Pie et Isabelle du blog FromSide2Side. Pour feter le 20 avril, lendemain de National Garlic Day, je le rappelle, nous voulions jaser du printemps, comme diraient nos amis les Quebecois.

Youpi, depuis un mois, c'est le printemps. Je le precise parce qu'aujourd'hui, on aurait pu l’oublier. C’était plutôt ambiance Toussaint, avec des trombes d'eau s'abattant sur la ville et un brouillard bien prégnant, mais z'enfin, ma bonne dame, y a plus de saison et, comme nous le disions si bien dimanche lors de notre premier barbecue de l'annee, "en avril, ne te découvre pas d'un fil". 
 
[Mes voisins ont enfin remplace les squelettes qui trainaient la depuis Halloween]

Depuis un mois, donc, c'est le printemps à New York. Pour être honnête, ce n'est pas ma saison préférée pour diverses raisons. C'est une saison qui a plutôt tendance à me déprimer, ce cote les jeunes filles en fleur et tout le monde pieds-nus et jambes découvertes n'y étant sans doute pas pour rien évidemment, mais pas que (la, c'était la minute misérabiliste, j'espère que vous avez tous pleure, hein...). Bref, en résumé, je n'aime pas le printemps.
J'adore l'hiver, le froid et la neige (vous l'aurez compris je pense), l'été me laisse relativement indifférente tant qu'il ne fait pas trop lourd et que je peux partir en vacances et l'automne, bah, c'est sympa l'automne, le fall foliage et tout ça. Mais le printemps, non, vraiment, ça m'déprime.


Trêve de bavardage, le printemps à New York, ça se traduit comment ?
C’est parti pour les trois conseils du jour, avec le soutien de Bob le jardinier !


[Un jour, je vous parlerais des pots de fleurs de mon quartier,
ils en changent le contenu quasiment tous les mois !]


1) de la température, tu te méfieras

Un jour (samedi par exemple), il fait 25 à 18h, le lendemain, il ne fait plus que 9 degrés a la meme heure. Cela dit, a New York, les écarts de température d'un jour à l'autre sont énormes. Début mars, nous sommes ainsi passés en deux jours de -10 à +15, comme ça, sans prévenir.

 
-- OMG, am I really writing an article all about the weather ? Seriously ? OMG –


2) la floraison ultra soudaine des arbres tu surveilleras


Petit Frère est arrivé samedi dernier et, lors de notre balade le dimanche, nous nous sommes fait la réflexion, qu’aucun arbre autour de chez moi n’était encore en fleur. Et bien une semaine plus tard, tout a changé! On se croirait dans un clip des années 70, ambiance Flower Power, il y a des fleurs partout. Et, note de Bob le jardinier, plus on descend dans le sud de l’ile, plus les arbres sont en avance. Si, si, à West Village, beaucoup plus d’arbres en pleine floraison qu’ a Murray Hill, véridique !
[A l'arrivee de Petit Frere]

[Une semaine plus tard, l'avenue perpendiculaire]

3) les terrasses et les rooftops tu chercheras


Yess, that’s it, le retour du soleil et l’envie de prendre un drink en terrasse. Et, souvenez-vous, les terrasses sont rares ici. On se jette plutôt sur les rooftops. Mon préféré (principalement pour la bonne raison qu’il est a trois minutes a pied de chez moi) ne reouvre que le 1er mai, mais celui situe trois blocs plus haut est déjà pris d’assaut !

Je vous l’ai egalement signale, nous avons déjà inauguré la saison des barbecues, meme si, celle-ci n’est officiellement ouverte qu’a partir de Labour Day, fin mai…

[Tartine, un super brunch de West Village, avec sa terrasse, donc]
[West Village et sa floraison avancee vs Murray Hill, donc]
[Herald Square, devant Macy's, les tables sont prises d'assaut]

 Cet article vous était offert par Jardiland, Alain Baraton et la Chaine Meteo
 


jeudi 16 avril 2015

Le Roi Lion a Broadway: regressif but worth it !

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J'ai toujours dit que je n'aimais pas les comédies musicales.

J'étais allée voir Chicago a Londres quand j'étais en stage là-bas et j'avais modérément aimé. Il faut dire que j'ai, en général, beaucoup de mal à comprendre les histoires des lors que ce n'est pas du texte simple et en français s'il vous plait (cf. Le Cirque duSoleil a Vegas), et que, globalement, je ne suis pas une fan de chanson. Du coup, les comédies musicales, j’évite. Exception faite l’été dernier lorsque Zach Braff était on stage pour un show off-Broadway, qui n’a que moyennement bien fonctionne, mais Zach Braff quoi. (lequel Zach Braff vient d’avoir 40 ans la semaine dernière, je ne m’en remets pas, c’est pas possible, JD ne peut pas avoir 40 ans, non, vous mentez).


Du coup, quand il y a trois mois, Petit Frère m’a demandé si je voulais les accompagner à Broadway, voir The Lion King, j’ai un peu hésité avant de dire oui. J’ai encore plus hésité en voyant les prix (rien a moins de $130), et puis, finalement, apprenant que de toutes façons, cette comédie n’est jamais discountée au TKTS (une opportunité #radinmalin qui s’échappe) et que, selon les dires de mes collègues, c’est une comédie musicale extraordinaire, voire meme la meilleure de tout Broadway, je me suis laissée tenter. Ajoutons à cela aussi que Le Roi Lion a quand meme marqué ma jeunesse et mon voyage au Kenya il y a deux ans ; du coup, j'ai fait chauffer la carte de crédit pour une place en orchestre je vous prie.


Je dois dire que je n’ai pas vraiment regretté…


Des décors extraordinaires, de vrais musiciens, des costumes ultra recherchés (mention spéciale aux hyènes), une mise en scène surprenante… Et puis, comme je le disais, le Roi Lion, ça me rappelle plein de souvenirs… J’en ai meme profite pour réviser mon vocabulaire sur la faune des savanes africaines (warthog, wildebeest and co). Le fait de connaitre l’histoire (et les chansons… C’est l’histoire de la viiiiiiiie… Hakuuuna Matata !) m’a pas mal aidée à apprécier le show.  
 
En conclusion, je ne sais pas ce que valent les autres vrais Broadway shows, mais celui-ci, je le recommande vivement ;)

Hakuna Matata !


The Lion King, http://minskofftheatre.com/






mercredi 15 avril 2015

Quel pont traverser a pied avec nos amis les touristes: Williamsburg ou Brooklyn ?

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Cette semaine, j'ai la visite de Petit Frère. 
(oui, évidemment, lui aussi veut grandir trop vite mais il a oublié que rien ne sert de courir. Ça me fait penser que je serai bien allée au concert d'IAM vendredi soir mais Petit Frère, justement, ça le tente pas trop, le concert d'IAM. Pfff, pas de la meme génération, j'te jure.)

Avec Petit Frère et parce que Petit Frère et sa Douce constituent la neuvième visite en moins d'un an, je n'avais pas envie de refaire pour la millième fois le pont de Brooklyn, aussi beau soit-il avec la vue sur la skyline, mais j'avais quand meme bien envie d'approfondir ma connaissance vraiment très partielle de Williamsburg.

Apres avoir brunché au soleil sur un charmant rooftop avec vue sur la skyline aussi, nous nous sommes balades dans le quartier, jusqu'a atterrir au pied du Williamsburg bridge en fin d'après-midi, que nous nous sommes alors décidés à traverser.

J'avoue, j'étais contente de changer un peu...


Regle de base avant de commencer: le pont se traverse de Brooklyn a Manhattan. Absolument jamais dans l'autre sens, sinon on en perd le principal interet, on est bien d'accord.
Evidemment, si la traversée à pied la plus populaire reste le Brooklyn Bridge, c'est bien qu'il y a des raisons hein... listons ici les points de différence principaux notes lors de cette fabuleuse balade.


1) la largeur de la voie piétonne
Tu trouves que les vélos sont déjà envahissant sur le Brooklyn Bridge ? Oublie le Williamsburg bridge alors (qu'on nommera dorénavant WB), parce que sur ce pont, tu as juste la place pour un piéton et les cyclistes n'hésitent pas à te le faire sentir.
A noter aussi: il y a un sens pour l'aller (le cote gauche quand tu vas à Manhattan) et un sens pour le retour (le droit, donc). Si nous avions vu ça au début du pont, peut-être n'aurions-nous aussi pas été autant hélé par lesdits cyclistes, mais enfin.

[La voie pietonne c'est la petite bande blanche a droite]
 
2) la vue
Sur le WB, tu as parfois la vague impression d'être dans une cage, étant donnes grillages en fer autour de toi pour te protéger des voitures qui roulent quand meme très près et du vide qui est quand meme très impressionnant. 
Cela dit, la vue depuis le WB est tout aussi spectaculaire que celle de puis le Brooklyn Bridge, de par la hauteur du pont et sa vue sur Williamsburg justement. C'est aussi une vue plus nordiste de la skyline, on ne voit pas le Financial District. 


3) la structure
Complètement métallique et bariolée de tags et d'autocollants pour le WB.
Métallique et aussi avec quelques piliers massifs pour le BB. Dont la fameuse double arche devant laquelle tout le monde se fait prendre en photo.

Tous deux sont de très beaux spécimens de ponts suspendus comme on en trouve beaucoup ici. 



4) la longueur
Le WB bridge fait 2.2km quand le BB n'en fait qu'1.8. Et oui, dans la journée d'un touriste type Petit Frère, les 400 mètres qui séparent le BB du WB peuvent avoir leur importance... 

[Non, le Monsieur n'est pas en train d'uriner contre le mur.
Enfin, je ne crois pas.]

 5) la circulation
Sur le WB passent, en dehors des piétons et des vélos, les voitures et le métro; tandis que sur le BB, pas de métro. Des éléphants y sont passés à la fin du XIXe, pour créer ce qu'on appellerait aujourd'hui un buzz, mais pas le métro. 


Pour être honnête, la traversée est bruyante, peut-être un peu plus que sur le Brooklyn Bridge, le passage est un peu plus étroit et les grillages sur les côtés entravent un peu la vue, mais globalement, c'est quand meme moins touristique, moins surpeuplé et donc in fine tout aussi agréable. 

Ne me remerciez pas pour vous avoir mis Petit Frere dans la tete pour le reste de la journee, c'est cadeau !


mardi 14 avril 2015

Comme dirait Aragon, rien n'est jamais acquis

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Parfois les choses sont bizarres.
T'es la, tranquille, posee dans ta petite vie, tu commences juste a reprendre tes marques apres les dernieres aventures et paf, un truc te tombe dessus.
Alors certes, pas un miroir comme sur Arnaud Montebourg, non, une boite qui veut bosser avec toi.

Bon, dis comme ca, ca a l'air cool, hein... Tu te dis "bah faut voir"... et puis, comme t'as un peu (beaucoup ?) l'esprit de competition, tu te dis aussi "bah allez on verra bien jusqu'ou je peux aller". Alors tu rappelles la chasseuse de tete. Qui te pose un lapin, pour rester dans le vocabulaire gibier. Finalement, tu arrives a la joindre, ca se passe bien. Tu passes un autre entretien, avec son chef, le grand chasseur. Dans le meme temps, tu recois un sms d'une ancienne collegue qui te demande si tu as bien ete chassee parce qu'elle a donne ton nom a la chasseuse sus citee. Premiere deception. C'est pas vraiment les mots cle que tu t'es embetee a referencer dans linkedin, ni la description extraordinairement valorisante (mais quand meme pas trop) de ton parcours toujours dans le meme linkedin qui t'ont permis de sortir du lot, non. C'est parce que ta collegue qui vient d'avoir un bebe et qui n'a pas du tout le meme parcours que toi a, elle, ete vraiment chassee. Bon. Tu ravales ta deception, tu te dis "c'est pas grave de toutes facons, le poste m'interesse pas, j'y vais que pour voir combien je vaux".

Parce que oui, apres sept ans dans la meme boite, quand tu vois tous les gens autour de toi avoir deja change 2 ou 3 fois d'entreprise, tu te dis qu'il faudrait peut-etre pas s'encrouter non plus et commencer a regarder un peu ailleurs, faire un petit bench sur le marche, quoi... Alors tu continues.

Tu passes avec brio toujours le premier entretien par skype avec la responsable ressources humaines (RRH en jargon de l'Entreprise), ca se passe bien, en meme temps c'est normal, quand on lit la description de poste, on reconnait exactement ton parcours. Et puis, la, c'est juste un entretien de validation. Comme ca s'est bien passe, du coup, tu prends rendez-vous pour un autre entretien par skype avec le responsable operationnel (ton potentiel futur N+1).

La encore, c'est fluide. T'as zero stress puisque de toutes facons, le poste, tu n'en veux pas. Tu cherches juste a faire ta belle et a passer le prochain round. Semaine suivante, avec la potentielle N+2, toujours dans le jargon local. Bon, en plus d'etre totalement destressee parce que tu es par skype, a New York et qu'il neige (donc ta tete est completement ailleurs), le potentiel N+2 ne semble pas savoir super bien utiliser Skype, la connexion est pourrie, vous vous deconnectez quatre fois en une heure de discussion, mais y a un bon feeling. Elle est sympa, tu fais des blagues, on rigole, on passe un bon moment, on en aurait presque oublie qu'on est dans un entretien de recrutement la. Tu te dis a posteriori que c'est normal que ca se soit bien passe, parce qu'elle te ressemble un peu: dynamique, voire un tantinet bourrine et vous parlez le meme langage operationnel. Du coup, tu enchaines deux semaines apres avec la Directrice des Ressources Humaines (la fameuse DRH) de la filiale. Bon, c'est un entretien RH, t'aimes pas ca, mais comme t'es loin et que c'est encore par skype, bah ca se passe bien. Et puis, il ne faut pas l'oublier, t'en as rien a cirer du job.
Quand elle commence a te dire qu'il va falloir faire les prochains entretiens aussi par Skype avec la DRH et le CEO de la filiale, mais que si tu veux ils te paient un billet pour rentrer un weekend si tu veux voir les locaux, tu commences a flipper et a dire "Oula ma grande, on va se calmer hein. J'ai jamais dit que je voulais rentrer, je passe juste les entretiens pour voir combien."

Comme toujours dans ces cas la, tu joues la montre, tu leur expliques que t'es en France dans trois semaines alors on va s'eviter des deplacements inutiles et on va rencontrer tout le petit monde restant en physique dans leurs locaux. Par le petit monde restant, comprendre quand meme deux membres du comex (encore un mot de jargon local, une pensee emue pour tous mes lecteurs fonctionnaires, le comex, c'est le Comite Executif, les big boss quoi), va falloir quand meme penser a ca quand tu feras ta valise pour ton trip en France trimestriel. Entre temps, Maurice le chasseur t'a rappelee pour te transmettre ses peurs (en gros, il pense que t'es une grosse bourrine, pas capable de t'adapter et d'etre un peu plus politiquement correcte, sympa le garcon, alors gentiment il veut te prevenir. Parce que bon il a vachement peur pour sa prime, Maurice).

Ah oui, parce que si je suis recrutee, Maurice, il va empocher une prime a 5 chiffres probablement...

Bref, Maurice a quand meme reussi a te faire stresser un peu (et aussi quelques autres personnes qui t'ont prevenue, hein, la DRH est hyper froide et elle a un droit de veto, rien a voir avec le gibier cette fois-ci, son avis est decisif) et tu y vas un peu moins relax. Surtout que comme c'est en physique, tu peux pas avoir garde ton bas de pyjama en bas, non, cette fois-ci t'as du reflechir un peu a comment te fringuer. Pi c'est a Paris. T'avais oublie combien les parisiennes sont judgemental les unes envers les autres. Ca te soule un peu au passage, mais bon, tu vas tranquillement a ton entretien, a midi. Comme t'es encore jet laggee t'as pas trop faim, ca va. Comme ladite DRH a une demie heure de retard et qu'on t'a collee dans une salle ou tourne en boucle le crash d'un avion avec 150 morts, t'as encore moins faim. Tu passes l'entretien. Ok elle est un peu froide au debut, Mauricette, mais finalement, bah ca se passe pas trop mal et t'es confiante pour le round suivant, la semaine d'apres encore. Pour ce dernier round, en dehors du fait que tu t'es plantee de lieu (heureusement les deux sites n'etaient qu'a dix minutes l'un de l'autre) et que donc tu es arrivee a 9h15 (au lieu de 9h) a ton entretien avec le fameux CEO, et que tu as ton train pour aller chez tes parents juste ensuite, et ton avion en fin de weekend, donc pas de report possible, ca se passe bien. T'as fait preuve d'adaptabilite, de synthese et de force de conviction, trois de tes traits caracteristiques que tu te targues d'avoir dans chacune de tes lettres de motivation (tu m'etonnes qu'en un quart d'heure d'entretien, t'as ete synthetique et convaincante!). Bref, ca se passe bien, tu prends ton train et t'as meme le temps de prendre un cafe a la gare de Lyon.

Jusque la, parcours sans faute et sans encombres. Pas de pression, tu colles pile poil a ce qu'ils cherchent, donc no stress.

Le lendemain, ton futur potentiel N+1 te rappelle pour te dire que c'est bon et qu'ils vont te faire une proposition. Ah ben c'est cool, mais comme t'es pas particulierement suprise ni demonstrative, tu ne sautes pas de joie. Et puis, t'es chez tes parents, pour decompresser et te reposer, pas pour mixer ta vie privee avec ta vie professionnelle. Donc bon, tu remercies poliment et tu dis que tu vas voir ce que tu peux faire pour deplacer ton vol. En fin d'apres-midi, le chasseur te rappelle. Ca t'arrange pas de decrocher, parce que la, t'es dans la salle des fetes du village et t'attends impatiemment que les selections du jeu des 1000 euros commencent, t'as meme revise la mythologie grecque avec Papa l'apres-midi. Donc quand Maurice t'appelle a un quart d'heure du debut, pour parler negociations salariales, t'es pas forcement ni super a l'aise dans la salle des fetes, ni super concentree sur la discussion. Mais t'as confiance en Maurice. S'il a pas ete foutu de trouver ton CV sur linkedin, il sera peut etre quand meme capable de bien negocier pour toi, hein. Parce que toi parler argent, tu detestes ca. Resultante historique et familiale, l'argent c'est sale. Et comme en plus, t'as fait la guerre, t'as l'impression que tu vas toujours en manquer et que donc, il faut toujours te preparer au pire, ca t'arrangerait (donc) bien que Maurice il negocie (bien) pour toi.

Note que la, t'as completement oublie que le job te plait pas hein. Tu ne vois plus que le "combien" qui se profile.

Alors, comme si jamais tu devais quand meme accepter cette offre parce que financierement ce serait tres allechant (quand bien meme tu sais qu'une offre allechante ne suffit pas a faire un bon job, cf. ton stage de chef de secteur), t'aimerais quand meme bien voir la gueule de ton N+1 en vrai et celle des bureaux aussi, tu te dis finalement, pourquoi ne pas retarder ton depart. Du coup au retour de weekend, tu te pointes quelques heures avant d'aller prendre ton avion dans leurs locaux et meme si tu le sens pas d'aller parler argent, meme si tu sais que c'est pas une bonne idee parce que ca te met mal a l'aise, tu y vas quand meme, juste pour voir.

Et la tu vois bien. Ou tu vois rien. Tu vois bien que t'es pas dans ton etat normal. Tu vois bien que tu reponds des trucs incoherents. Tu vois bien que t'as les bras ET les jambes croisees et que t'es pas tres souriante. Mais tu vois rien aussi quand en face on te tend des perches pour que, justement, tu te detendes. Et tu ressors en pensant a ton avion, parce que l'avion, ca te stresse.
Une heure apres, Maurice te rappelle catastrophé. Maurice, lui, il a pas compris. Il a pas compris comment une petite meufette parfaite pour ce job a pu foirer autant ce qui devait etre une formalité. (ah, au passage, tu sais combien tu vaux hein). Comment t'as pu "passer de 99% de chance d'etre embauchee a moins de 30%". Alors Maurice il decide de te coacher. Comme t'as toujours pas recuperé ton cerveau depuis 5 jours, tu dis oui oui, mais tu comprends rien. Si ce n'est que tu dois rappeler le potentiel N+1 des le lendemain pour t'excuser parce que tu as été arrogante et dans l'opposition. Meme si la seconde partie fait legerement écho, tu passes outre et, comme t'as aussi recuperé ton cerveau et que ce que tu allais gagner est en train de t'echapper et ca, certainement pas, echouer si pres du but, ca va pas la tete, tu fais "acte de contrition", comme le chasseur t'as dit et tu ecoutes le gars t'expliquer qu'il t'a jugee "pas humaine" et "serieuse et qui se prend au serieux". Tu encaisses en rigolant. Jaune mais en rigolant quand meme, hein. Parce que le "pas humaine"... ca te fait presque autant rire que quand Maurice t'avait appelee pour te brieffer sur le fait que pour les entretiens avec des membres du comex, fallait la mettre un peu en veilleuse et aucours duquel il t'avait dit qu'on ne sentait "pas beaucoup de craintes" chez toi, et que cette boite adorait ta "spontanéité" et ton "capital confiance". Toi qui a passe les six derniers mois de ta vie en France a tous les jours te dire que tu n'etais pas légitime a ton poste, mmh, tu le sens bien la, ton gros capital de confiance. Pi tu sens bien aussi la statuette des oscars pour la performance que tu as alors jusque la delivree...

Bref, comme t'as envie de gagner et que ca te fait rigoler, et qu'au fond, ce job, t'en veux pas, parce que c'est pas ce que tu cherches la maintenant tout de suite, tu fais aussi acte de contrition aupres de la RRH (la fameuse), qui te dit qu'elle revient vers toi lundi.

Et la, c'est lundi soir et elle n'est pas revenue vers toi...

Et quelque part et ben, meme si t'en as rien a cirer du job, ca te soule. Parce que toi, t'as fait ta part du boulot. T'as ete excellente sept fois de suite; et, une fois t'etais pas bien et t'as pas reussi. Et derriere, t'as reconnu pas avoir été bien ce jour la et pas avoir montré ce que tu es vraiment (a moins que, vraiment, tu ne sois inhumaine, hein, peut-etre. Comme te l'a fait remarque une copine, t'aurais peut-etre pas du parler de ta collection de posters de dictateurs, c'est pas faux, ma bonne dame, on aurait du en rester a l'echange de recette de paté de tete, entre amis de la nature).
Mais quelque part aussi, ca te soule pas mal qu'ils t'aient pas rappelee aujorud'hui comme ils avaient dit. Parce que ca te met dans la position du demandeur et tu detestes ca. Du coup, comme t'es toujours dans l'esprit d'opposition (bah oui, ca c'etait pas faux hein), tu les rappelles pas et qu'ils aillent tous crever, bouffés par des sangliers enragés, tiens.

La conclusion de tout ca, c'est que, meme si la vie c'est des opportunites, et la vie professionnelle aussi pour certains, parfois, il ne faut pas sauter sur tout ce qui bouge ! Je trouve quand meme ca fou que dans l'Entreprise aujourd'hui, on ne te donne pas droit a l'erreur. Alors oui, j'ai été mauvaise sur ce qui devait n'etre qu'une formalité. Mais ne pas rendre de réponse alors que l'on s'y engage, je trouve ca impoli et presque humiliant.

Sur ce, la chasse est ouverte !

PS: en vrai non, hein, c'est le printemps, l'époque de la reproduction, pas touche !