Il y a
quelques semaines, on m’avait proposé d’assister à l’enregistrement d’une
émission TV.
Ayant eu
de bons retours quant aux enregistrements de « Who Wants to Be a
Millionaire? » lorsque j’habitais New York et ayant par ailleurs beaucoup
apprécié les enregistrements France Inter (Frédéric Lopez #coeuraveclesmains)
auxquels j’avais participé, ni une ni deux, hop je suis partante.
Contexte :
Je te
décris un peu le tableau, pour que toi aussi, tu puisses un jour avoir envie de
vivre pareille expérience.
Dimanche
soir.
Saint-Denis.
Sous la
pluie.
En moto.
Robe courte
et talons.
(il était
précisé dans l’invitation qu’on pouvait me refuser l’entrée si je n’étais pas
habillée suffisamment classe)
Ce qui donne :
Une zone
commerciale-industrielle de nuit, trempée, à errer entre les bâtiments pour
trouver le studio 204. Toujours sous la pluie. Toujours de nuit. Toujours en
moto.
Chéri-Bibi
supra-nerveux pour cause de combo caleçon trempé + guignols oubliant tout code
de la route dès qu’il pleut sur le périph. (NDLR : non, Chéri-Bibi ne fait
pas de la moto en caleçon, simplement ses équipements sont un peu usés et plus
très imperméables)
5 minutes
d’errance, pause Google Maps, à l’abri (mon iPhone aime modérément le déluge).
J’apprends que je suis en bordure Aubervilliers et que le studio 204 est à 3
minutes et qu’il faut juste zigzaguer entre les parkings et les entrepôts.
Toujours sous la pluie. Toujours de nuit. Toujours en moto.
Une fois sur place :
Rdv étant
donné à 18h30, à 18h36 on se gare devant l’entrée dudit studio. C’est l’entrée
des artistes. On fait le tour du bâtiment pour trouver l’entrée du public. Et
là, ô joie, ô bonheur : on apprend qu’on doit faire la queue dehors, sans
parapluie, grelottant de froid parce qu’on est trempés. Toujours sous la pluie. Toujours de nuit.
A ce moment-là,
Chéri-Bibi commence à pester contre la médiocrité du monde autour de lui, c’est
atroce, j’ai peur qu’il ne jette son blouson par terre en sautant à pieds
joints dessus. (Ce serait franchement dommage : même si le blouson est en
fin de vie, on en aura encore besoin pour rentrer.) Je propose donc de tout
annuler et tant pis, on n’a qu’à rentrer. Opposition ferme de Chéri-Bibi avec
un argument imparable « je suis trempé, hors de question que je me retape le
même trajet en sens inverse ».
Après les 25
minutes d’attente sous l’eau (je t’ai parlé de mon look Elyséen casque de
moto-robe courte-talons ?), les 15 minutes d’attente dans un hangar, chichement
vêtue, Chéri-Bibi m’ayant bien dit de ne pas trop m’habiller car « c’est
bien connu, sur un plateau tv, avec les lumières, il parait qu’on crève de
chaud », j’ai froid, je n’aime pas la sensation d’être dans un truc de
beaufs, je veux rentrer. Oui, parce que le public se compose quand même d’une
poignée d’échappés de maison de retraite et d’une bonne partie du public du
Juste Prix. Je n’ai rien contre le public du Juste Prix, hein, ma nounou kiffait
le Juste Prix. Simplement, là c’était pas le speech initial.
Oui, parce
que je t’ai pas dit, mais moi je venais assister à « Fauteuils d’orchestre »,
une émission présentée par Anne Sinclair, avec en guest star Renaud Capuçon, l’Orchestre
National de France (et à un moment Thomas Dutronc). Une émission de musique
classique, donc. Je m’attendais certes à voir de la tête blanche, mais j’étais
moins préparée à la famille Groseille. Et c’est là que tu te rends compte que
la TV, ça reste quand même un truc assez magique qui draine des foules, juste
parce que c’est la TV, c’est showbiz et compagnie. Ah oui. Quand même.
Bref. On a
fini par rentrer sur le plateau (en guise de plateau, c’est quand même un
entrepôt avec plein de lumières, où on se gèle). Bien sûr, en tant que (seuls)
jeunes et beaux, un petit mec est venu nous voir en disant « Madame,
Monsieur, venez avec moi » et nous avons été installés au deuxième rang,
juste derrière Renaud donc.
Avant le
début de l’émission, on a fait quelques prises du « public ravi d’être ici »…
Big smile, Big applause, on était radieux. Clairement, je ne comprendrais pas
que le cameraman n’ait pas fait un gros plan sur nous.
Bilan de
la soirée :
Malgré les
pieds congelés (compliqué d’enlever tes chaussures pour te réchauffer quand tu
es assis au deuxième rang et que finalement, tes pieds c’est sans doute la partie
la plus en visibilité de ton corps, après éventuellement tes seins), on a passé
un très bon moment. C’était comme un concert privé, les artistes et les
morceaux étaient au top, et à la fin, j’avais l’étrange sensation d’avoir passé
une soirée avec nos amis Anne et Renaud. On a vu une pianiste médiatiquement
discrète (Martha Argerich), un prodige californien qui parle 6 langues, fait de
la recherche en mathématiques fondamentales et joue du piano pour se détendre (KitArmstrong), de beaux chanteurs d’opéra (Alexandre Duhamel, Ermonela Jaho)
Petits
détails qui font la différence :
[Renaud Capuçon, c'est lui] |
- Anne Sinclair a environ trois bombes de laque Elnett sur les cheveux au démarrage du tournage et son coiffeur lui en verse au moins encore une quatrième pendant.
- Elle avait un problème de voix ce jour-là, des suites d’une bronchite.
- Pendant que je me congelais sur place, elle avait beaucoup trop chaud.
- Renaud Capuçon est petit.
- Pourtant son pantalon est taillé trop court
- Avant d’aller jouer, il fait des petits sauts de cabri pour se redynamiser. J’aurai peut-être dû lui montrer quelquesmouvements rapides de gym suédoise…
- Tous les musiciens portent des chaussures vernies.
- Les photos pour les programme tv sont prises avant le début du tournage
- Thomas Dutronc n’est finalement jamais venu, et on n’a jamais su pourquoi
- Les moldaves ont sans aucun doute de bonnes prédispositions à la musique classique, car sur la dizaine d’invités, un tiers était moldave
Mon
conseil si toi aussi, tu assistes à l’enregistrement d’une émission TV :
Habille-toi
(et prends un parapluie si il pleut) !!!
[Une tenue noire et blanc, comme demandé sur l'invitation] |