lundi 28 juillet 2014

Les américains n'ont pas d'histoire à raconter

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Les américains n'ont pas d'histoire. Enfin, si, bien sûr qu'ils en ont une. Mais pas d'histoire, dans le sens, une identité de la nation qui s'est forgée pendant des siècles et des siècles. Non, les Etats-Unis ont été fondés en 1776 à partir des colonies britanniques de l'Est, leur construction historique en tant que nation est donc vraiment récente. C'était justement la réflexion que nous avions en visitant les ruines de la ville-fantôme de Rhyolite (cf. article précédent sur la Vallée de la Mooort) la semaine dernière où l'Homme s'est exclamé "c'est quand même fou, nous quand on a des ruines, c'est des ruines romaines et eux, ils ont des trucs en ruine qui n'ont même pas 200 ans!" (oui l'Homme utilise la négation à l'oral, il est comme ça, l'Homme, depuis qu'il donne des cours de français).

Pour pallier cette absence d'histoire, les Américains ont mis en place un certain nombre de "solutions". Je pense que c'est l'une des raisons qui les pousse à fêter avec force drapeaux et festivités les vétérans de guerre notamment. A ce titre, le Memorial Day fin mai à Washington DC était édifiant. Nous, français, n'avons pas cette culture des vétérans de guerre. Non pas que nous ayons moins fait la guerre (certes un peu moins que les américains depuis 50 ans), mais chez nous, la guerre, c'est mal. La guerre, c'est honteux. La guerre c'est sale. Et sur ce point, je suis bien d'accord avec les candidates à l'élection Miss France, je suis pour la paix dans le Monde, n'allons pas nous méprendre, hein. Cependant en France, nous avons tous, parmi la génération de nos grands pères, un ancien combattant. Et rares sont ceux parmi nous, qui ont déjà entendu ces personnes s'exprimer. En France on tait "ces choses-là". Qu'ils aient été au front en 1940 ou en Algérie, qu'ils soient allés travailler en Allemagne avec le STO ou combattre pour les Nazis en tant que "malgré-nous", non, on en parle pas. Alors oui, au début, ce culte des vétérans me surprenait et, soyons honnêtes, cet engouement, à grand renfort de drapeaux, t-shirts, stickers et casquettes, me faisait quand même un peu rigoler. Simplement, parfois, je me dis que c'est peut-être pas si stupide, cette façon qu'a ce pays d'afficher son admiration pour ses vétérans, tout en expiant une partie, je pense, des événements qui se sont alors déroulés. En France, nous sommes très forts pour parler de la guerre, pour apprendre les guerres à l'école, pour donner des explications politiques, économiques et sociales à ces guerres; mais nous oublions souvent les personnes qui l'ont réellement vécue je crois. Sans doute parce que nos guerres sont aussi plus anciennes et que bon nombre de combattants sont maintenant décédés.
Bon, là, je me rends bien compte que ma tirade sur l'oubli du soldat français pendant la guerre vous laisse un peu dubitatif alors passons à la seconde façon qu'ont trouvée les américains pour se construire une histoire, au sens propre du terme.

Soyons pragmatiques. Si vous avez besoin d'un mur, d'un four à pain ou d'un barbecue en pierre dans votre maison, que faites-vous ? Si vous avez un tantinet l'âme d'un maçon ou si vous êtes un aficionados du "do it yourself" comme mon papa, vous irez chez Casto, acheter les briques pour le four, les pierres pour le mur et le barbecue spécial insertion dans le mur. Et puis vous ramènerez le tout en petits morceaux dans votre carriole à la maison et vous bâtirez le mur, le four à pain et le barbecue en question. Cela prendra évidemment un peu de temps mais au final, vous aurez bien votre mur, votre four à pain et votre barbecue en pierre devant votre maison.
Pratique, non ?

Et bien les américains, ils ont fait pareil avec les monuments historiques. "Hey guys, on n'a pas de monument historique un peu religieux, et si on allait en prendre en Europe et si on les rapportait ici, pierre par pierre ?". Au début du XXe siècle, un (riche) professeur a décidé de rapporter des exemples d'édifices (tout ou partie) pour que ses étudiants puissent observer l'histoire européenne (celle de leurs ancêtres donc) de plus près. Il en a fait un musée à NYC. Dans les années 30, l'un des membres de la famille Rockfeller a décidé de réunir toutes ces pièces en un même lieu et de bâtir un édifice en haut d'une colline de Harlem. En 1936, ils ont donc construit ce qui est maintenant une annexe du Met et que l'on connait sous le nom de "Cloisters". C'est donc une espèce d'abbaye, qui intègre des portes, des statues, mais aussi des cloîtres (dont l'un a été transformé en café hein, on est quand même aux Etats-Unis) récupérés en France, en Espagne (beaucoup), en Hollande (un peu) et en Allemagne (quelques statues).


Hier, le programme de l'après-midi était tout tracé: nous devions aller à la plage. Par manque de soleil (je vous rassure il faisait quand même 30 degrés!), nous avons changé nos plans et sommes allés aux Cloisters. Globalement, en dehors de l'histoire du lieu, nous n'avons pas été impressionnés outre mesure par les pièces de la collection.

A noter quand même, une pièce entière dédiée aux licornes, ces animaux maléfiques que l'on tuait à coup de lances (loin d'ici Petit Poney et compagnie) et surtout l'explication extraordinaire d'une des gardiennes sur une Vierge à l'Enfant : "yes this is Marie and her Mom".
Voilà, voilà...



Cela fait maintenant plusieurs mois que je construis cette réflexion autour de l'histoire américaine et c'était ici l'occasion de la partager avec vous :)

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