On va pas se mentir, publier un article futile, débile et léger par les
temps qui courent, ce n’est pas chose aisée.
Du coup, je n’ai rien dit.
Jusqu’à ce que l’on sorte les drapeaux, vendredi dernier.
C’est François Hollande qui l’avait demandé, pour l’hommage national aux
victimes des attentats du vendredi 13. Moi –je ne sais pas où j’ai la tête en
ce moment- je n’étais même pas au courant de cet hommage national. Si mon
collègue n’avait pas voulu s’arrêter devant un bazar chinois pour acheter un
drapeau « pour demain », je n’aurais même pas su qu’il fallait sortir
les drapeaux aux fenêtres. Je sais pas où j’ai la tête en ce moment, je vous
dis.
Je n’ai pas acheté de drapeau en même temps que mon collègue, non ;
l’idée a cependant fait son chemin et, vendredi matin, j’ai ressorti un petit
drapeau que j’avais récupéré lors du défilé du 14 juillet, et je l’ai scotché
au balcon, comme une évidence.
Dans la mesure où il faisait 3 degrés à 7h du matin lorsque j’ai réalisé
mon acte de patriotisme décennal, je ne me suis pas attardée à regarder les
autres fenêtres, mais je n’avais aucun doute quant au fait que tout le monde
aurait levé son étendard pour l’hommage national, donc.
Sauf que je n’ai compté que cinq drapeaux dans toute ma rue, quand je
suis partie prendre le tram. C’est peu, étant donné le nombre d’appartements
dans ladite rue.
Alors j’ai été déçue.
Et puis, samedi, je suis allée dans le centre de Paris, je me suis
baladée et j’ai vu qu’il restait encore des drapeaux accrochés aux fenêtres. Et
finalement, j’ai trouvé ça bien, cette réappropriation du drapeau français par
le peuple français lui-même.
Quand j’étais aux Etats-Unis, je me souviens du début. Je me moquais de
ces américains qui sortaient les cocardes, les drapeaux et les bannières à la moindre
occasion. Et puis, je me suis dit que peut-être, c’était nous, en France, qui
avions un problème avec le drapeau. Enfin, quand je dis « nous »… Pour
moi, l’image du drapeau français était très entachée d’une certaine image de la
France, un peu plus à droite que la droite. Et que ces gens-là s’étaient
appropriés le drapeau français, de telle sorte que s’il m’était venu à l’idée
de sortir mon tricolore du placard, on m’aurait très vite cataloguée aussi.
Je me souviens aussi que petit à
petit, je l’ai comprise, cette fierté d’être américain (« proud to be
American » dans le texte), voire même, je l’ai enviée. Ou tout au moins,
je l’ai trouvée normale. Je n’ai plus été choquée de croiser des drapeaux
géants le long des routes ni par le fait de chanter l’hymne à chaque début de
match (j’ai entendu plus de fois l’hymne américain en 20 mois que la
marseillais en 30 ans !).
Quelque part, j’ai envie de croire que ces
drapeaux sont une forme de respect, l’expression de la fierté d’être français
et, aussi, l’incarnation de l’idéal républicain français. Pas toi ?