lundi 1 juin 2015

Les impôts aux États-unis: vraiment mieux qu'en France?

Ce matin, avant de partir pour Chicago, j'ai décidé de régler tous mes problèmes administratifs en cours. Enfin d'en traiter au moins un, plutôt lucratif, à savoir mon tax return.

Qu'est-ce que le tax return?

Aux États-unis, l'impôt sur le revenu est prélevé à la source, en fonction de la situation familiale que vous aurez préalablement déclarée à votre employeur au moment de l'embauche. Dis comme ça, ça paraît simple, sauf qu'en vrai, quand on voit la tête des formulaires de l'administration américaine... Vous visualisez les formulaires CERFA de l'assurance-maladie? Et bien, imaginez trois formulaires CERFA condensés sur une page avec des cases à remplir partout, dont vous ne comprenez pas la moitié des intitulés. Ce formulaire fait donc partie de toute la masse de papiers à remplir quand vous débarquez aux États Unis. C'est bien simple, pendant deux mois (un mois avant et un mois après le départ), j'ai eu l'impression de découvrir tous les jours des nouveaux formulaires. Au moins, j'ai vite appris lequel était mon last name et lequel était mon first name ainsi qu'à écrire ma date d'anniversaire sous le bon format: le mois avant le jour.
Toujours est-il que l'impôt est prélevé à la source, selon un calcul à base des déclarations que vous avez faites. Au mois de mars de l'année suivante, vous recevez de la part de votre employeur un nouveau formulaire, le W2, censé récapituler l'ensemble de vos revenus de l'année, pour remplir votre document de tax return avant le 15 avril. Ce document, au nom fort sympathique puisqu'il laisse sous entendre que l'administration fiscale va vous rendre des sous, fait quelques pages et la plupart des américains ont un tax advisor pour s'en occuper. Il semblerait selon les dires d'une de mes amies juristes (= méticuleuse et n'ayant pas peur des documents volumineux à caractère rébarbatif - oui ami(e)s juristes, votre métier requiert des qualités que je n'ai pas, d'où mon abandon rapide de cette vocation malgré un master de juriste mené jusqu'au bout n'est ce pas), qu'il ne soit pas très compliqué à remplir et que toutes les instructions (10 pages pas plus) soient très claires, juste à suivre ligne par ligne. Toujours est-il que ma boîte me fournissant les services d'un tax advisor, je les ai utilisés. In fine, je me suis quand même coltinée trois heures de questionnaire à remplir, cherchez l'erreur. Comment? Je ne suis pas très douée ni très organisée? C'est une possibilité oui...
Une fois le document retourné à l'administration fiscale, 5 semaines plus tard environ, j'ai reçu la bonne nouvelle: j'étais éligible à un tax refund non négligeable.
5 semaines et 2 jours plus tard, je recevais également une lettre de l'administration me demandant de vérifier que ce n'était pas une usurpation d'identité et que c'était bien moi qui étais éligible au tax refund. Et c'est la que j'en étais ce matin, avant de partir pour Chicago. Prouver mon identité.

[une page des 58 renvoyees par mon tax advisor pour le tax return...]


Comment prouver que je suis bien moi a l'administration fiscale américaine?

Selon la lettre, ça semble simple.
Ton numéro de sécurité sociale (qui, je le rappelle est tout sauf un numéro de sécurité sociale, mais plutôt l'équivalent d'un numéro Insee), tes revenus bruts de l'année que tu trouves sur ton document de tax return et tes nom et prénom en main, tu peux aller sur le site web t'identifier. Easy Baby, me dis-je, encore une fois naïve que je suis. Échec, manque d'info sur moi, on ne peut pas m'identifier. 
Bon, ça ne me surprend pas étant donné que c'est ma première déclaration auprès de l'administration fiscale, pas de souci, je vais appeler le numéro de téléphone fourni sur la lettre (qui porte aussi, comme tous les formulaires américains, un numéro d'identification en guise de petit nom.
Tout ça, c'était vendredi matin dernier, vers 8h.
On m'annonce 30 minutes d'attente. Mon téléphone choit, l'appel se coupe, je rappelle, et la bingo, 60 minutes d'attente. Patiente, ou plutôt pas tout court, je lâche l'affaire, et repousse à lundi, pleine d'espoir quant au temps d'attente. Naïve que je suis...
Ce matin, j'appelle et la, plus de temps d'attente annoncé. Niquel, ils vont me passer un conseiller asap me disent-ils!
Le asap s'étant réellement déclenché une fois la barre des 1h01 minutes en ligne, j'ai eu le plaisir de parler avec une femme aimable comme une porte de prison, qui s'est identifiée par son matricule. C'est la première chose qu'elle te dit au téléphone. Ça fait un peu bizarre, mais ça colle bien avec l'amabilité de la personne précédemment évoquée finalement...
Janet, on va l'appeler Janet plutôt que matricule 7853836284962 pour les besoins de l'histoire, Janet, donc, me demande mon numéro de sécurité sociale, puis des infos classiques... Au surtaquet après plus d'une heure d'attente, je lui fournis tout ce qu'elle me demande, dans un anglais quasi parfait (preuve en est: elle a mis moins de quinze minutes à rentrer mon nom, prénom et adresse dans le système. Véridique, ça me prend régulièrement quinze minutes pour m'identifier avec certains services. Pensée émue pour Citibank et son conseiller John dont le second prénom était peut-être aussi Santosh). 
Arrive ensuite une série de questions sur mes mortgages et autres loans, pour lesquels je lui dis d'entrée que je suis libre comme l'air, pas de dettes ni de crédit à mon compte. Mais Janet, ça ne lui plait pas, elle me réitère la procédure, je dois écouter gentiment les questions et les quatres propositions de réponses, et ensuite seulement répondre. Je dis à Janet de parler plus doucement parce que j'ai du mal, de but en blanc à comprendre les questions sans contexte. (Ce n'est qu'au bout de la troisième que j'ai compris que tout allait porter sur mes dettes). Ça agace un peu Janet alors du coup, sympa je la laisse me déblatérer ses questions et je réponds "none of the above" à toutes les questions relatives à mon parcours d'endettée. C'est un vrai sujet ici, l'endettement, je vous en parlerais aussi un autre jour!
À la fin des questions, Janet me dit que bah non finalement, ils manquent d'infos sur moi et qu'elle ne peut pas m'identifier et qu'il faut donc que j'aille m'identifier dans un centre Downtown, dont elle me donne l'adresse, les horaires d'ouverture (8:30-4:00) et un conseil "you'd better get there early". Merci Janet, je suis ravie d'avoir patienté plus d'une heure au téléphone pour m'entendre dire la même chose ou presque que ce que le site web m'avait expliqué en trois minutes. Et merci pour l'interrogatoire aussi, c'est toujours un plaisir de perfectionner ma compréhension sur des sujets au hasard! En bonne française, j'ai quand même exprimé mon mécontentement, dans un anglais étrangement parfait pour l'occasion, tout en restant courtoise, je progresse, je progresse! 
Toujours est-il que vendredi, je continuerais ma tentative d'identification pour récupérer mes sous dans un bureau de l'administration fiscale américaine, munie d'un attaché-case de preuves relatives à ma déclaration de revenus et à mon identification.

Dans les faits, je dois quand même à mon tour rendre encore un peu des sous qu'on m'a rendus parce qu'injuste ment prélevés, hein...

Parce que dans les taxes que je paie ici, il y a certes, la taxe au pays, mais aussi la taxe de l'état de New York et la taxe de la ville de New York.
Et il semblerait que ma boîte, dont les services RH sont à peu près compétents comme moi en micro-finance sur les marchés sud-américains, ait omis de prélever les taxes de la ville durant tout 2014. C'était aussi les mêmes services RH qui m'ont remboursé $6,000 parce qu'ils avaient confondu brut et net dans l'une des composantes de mon salaire. Et desquels ils ont de nouveau déduit $5,000 parce qu'ils avaient aussi oublié de me faire cotiser à la retraite française, comme je m'en suis rendue compte dix mois plus tard. Bref, j'ai quand même du rendre de l'argent que je n'avais pas encore touché mais que j'avais déjà moi-même donné et qui devrait donc bientôt m'être rendu, si je parviens à m'identifier, hein... Logique, non ? 
Tout ça parce qu'il y a trois types d'administrations fiscales...
Ah et comme il se peut qu'en arrivant j'ai omis de remplir l'un des formulaires sus-cités relatif à ma situation, j'ai eu des pénalités pour avoir sous-estimé le montant de mes taxes.

In fine, l'administration veut bien te rendre une partie des fonds que tu lui avances, à condition que tu remplisses bien laborieusement tous les petits documents prévus à cet effet

Pour conclure, je citerai mon idole politique et économique Margaret Thatcher: "I want my money back!"
(Maman, si tu lis ça, je plaisante, hein)



4 commentaires:

  1. Ho la la mince ils t'auront fait la totale...

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    1. Je verrais bien vendredi comment ça se passe dans leurs bureaux lol mais je sens que je vais devoir y aller plusieurs fois parce qu'il me manquera sûrement un truc et malgré le fait que tu aies les dix huit autres justificatifs prouvant que c'est bien toi je m'attends a un petit "I'm sorry m'mam but you don't have your XXX so I cannot be 100% sure that this is you and I can't get through the process"...

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  2. Ah les taxes aux US, cet arrachage de cheveux !! C'est fou cette histoire de téléphone (rra je déteste ça, appeler...). Bon courage pour ton process d'identification !

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  3. Moi aussi je détestais appeler mais maintenant je suis habituée... Bon je déteste aussi appeler en France hein...

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