mardi 26 mai 2015

Pourquoi j'ai eu envie de tuer Momo ce matin

Parce qu'il fait jour très tôt, je me réveille très tôt en été.
(Parenthèse 1: c'est l'été, la, 25 degrés, le retour de la chaleur moite et, il y a des signes qui ne trompent pas, j'ai vu mon premier rat hier soir dans la rue)
Comme je me réveille très tôt et que j'ai fini de regarder How I met, j'ai décidé d'aller a la laverie avant de me rendre au bureau.
(Parenthèse 2: oui, a New York, il n'y a pas de machine a laver dans les appartements, j'en parlerai en détail un jour, promis)
Comme la machine dure 28 mn (c'est super court pour un cycle de lavage, pas étonnant que mes fringues ne sentent jamais le doux parfum de la lessive), j'ai décidé d'aller a la poste, acheter des compléments de timbres, pour envoyer mes cartes de Boston. 

Tout commence bien, pas d'attente! La poste a meilleure allure que celle a côté de mon bureau, sur 43rd, même si, sans Google maps je ne l'aurais jamais vue puisqu'il n'y a pas d'enseigne extérieure. Pratique, n'est-ce pas?

Du coup, je me rends directement au guichet: 

- Hi, I'd like to send these postcards to France

Regard dubitatif du guichetier. Les lettres, moi, les lettres, de nouveau moi.

- I already put a us stamp on but I know it's not enough so I'd like to complete the amount due.
- You have to put a second stamp, the same one.

Merci du conseil Momo, la prochaine fois que je n'ai besoin de rien, surtout je viens te voir! Admettons que Momo (ce sera désormais le nom de notre guichetier préféré) ne m'ait pas bien comprise entre grammaire approximative et accent bien français. 
- Yes, I know but I already buy those, so I'd just like to complete. How much is a US stamp?
(La, on ne le sent pas, mais j'essaie de garder mon calme, parce que si je m'énerve, ça va mal se passer. D'expérience, il ne faut jamais exprimer son mécontentement en s'énervant avec les américains, je vous en parlerais aussi un jour!)

Momo semble enfin avoir compris ma requête et pose la première carte sur la balance. 1 minute plus tard, il imprime la vignette, d'une valeur de $0.66. Au passage, un timbre pour la France coutant $1.15, j'en déduis que la valeur de mes timbres US only est de $0.49. Donc meme en doublant la mise, je n'atteignais pas les $1.15, hein... (un jour aussi, j'ecrirais sur ce que j'appellerai parfois méchamment l'ignorance de certains americains, mais je ne voudrais offenser personne, donc je cherche encore mes mots sur le sujet).
Comme il y a trois cartes postales de format identique, avec une destination identique, pensez-vous qu'il l'aurait imprimée en trois exemplaires? Bah non, hein. Belote et re-belote.

Apres avoir imprimé la premiere vignette, qui fait environ 7 cm de large, dont 4 cm de sticker blanc inutile sur les cotés, Momo s'applique bien et la colle a cheval sur le recto de ma super carte postale toute ronde et trop stylée. La, j'ai beau savoir qu'on est aux Etats-Unis et que je n'ai aucun intéret a m'enerver, c'est quand meme plus fort que moi, je dis a Momo que je vais coller les suivantes et qu'on pourrait peut-etre découper les 4 cm sur les cotés qui ne servent a rien. Bug de Momo, qui ne voit pas le probleme.

- Do you have scissors ?
- No... but I have a knife.

Non mais t'es serieux, la ? Tu me proposes vraiment un couteau ? Tu m'as bien regardée ? Je suis a deux doigts de te trucider et tu me proposes de me mettre l'arme du crime entre les mains ? Heureusement, j'ai des principes et jamais d'homicide avant 8h du matin en est un.

Arrive le tour de la troisieme carte. Et la rebug de Momo. La carte est vierge, je n'ai pas encore pris le temps de l'ecrire. Juste collé un timbre dessus, en pensant naivement qu'a la poste, je récupererais simplement la vignette pour compléter l'affranchissement et que je pourrais l'écrire tranquillement en attendant la fin de ma machine a laver. Naïve que je suis...

- I cannot give you the vignette for this one, I can only sell you a stamp.

Ok, tres bien vends moi un timbre, je vois pas le probleme.

- It's $1.15

Hein ??? Mais non, je t'ai expressement dit que je voulais compléter l'affranchissement, Momo !!!

- I cannot give you the vignette, because once you give me the mail, I have to keep it, I cannot let you go with a vignette.

Cette fois-ci, c'est moi qui bug. Et pourtant, je devrais etre habituée, hein, c'est une situation typique de ma vie ici: il y a une regle, un process, une interdiction et du coup, bah non, on ne peut pas déroger au principe. Mais jamais on ne te dit quel est le process/la loi/l'interdiction qui t'en empeche, hein. On te dit juste "You cannot do that".
Et ca, ca a le don de me rendre folle. Il n'y a JAMAIS place pour la negociation, la discussion, le compromis. Il y a juste le process. Le process. Et le process. Et un mec comme Momo, dont tu as l'impression qu'il a ete lobotomisé, qui te propose le plus naturellement du monde d'envoyer la carte vierge, avec juste un affranchissement.
Et des situations comme ca, ou a toi, francais, il te parait évident qu'on peut trouver une solution plutot intelligente (laisse moi repartir avec ma vignette, une seule sur les trois, de toutes facons, que veux-tu que j'en fasse, de ta vignette, hein? Du traffic de vignettes aupres des gens qui auraient acheté des cartes postales de 15 cm de long pour pouvoir expressement coller des vignettes ?), simple et sans effort, et ben non, tu te retrouves face a un Momo, qui te dit non, de la facon la plus absurde qui soit.
Et moi, dans ces situations, et ben je comprends pas et j'ai tres vite tendance a m'enerver. Je ne comprends pas le non-sens. Alors, certains jours, lorsque je suis plutot calme, je prends sur moi, je n'essaie pas de discuter et j'accepte. Et puis, d'autres jours, comme un mardi matin ou tu t'es levée a 6h, pour débuter une semaine moyennement prometteuse durant laquelle tu vas etre maitre de stage/nounou du fils du consul de Tunisie parce que ton chef a accepté de le prendre en stage mais se casse toute cette semaine-la en déplacement, et ben, ce jour-la, l'absurdité, ca ne passe pas. Alors, comme tu n'es pas totalement surexcitée non plus (du moins, pas aujourd'hui), ca ne dérape pas trop, tu soupires juste en levant les yeux au ciel, tu découpes a la main et a l'arrache les bords blancs de la vignette pour pas défigurer le recto de tes jolies cartes de Boston, et tu écris la derniere carte postale en 30 secondes, face a Momo qui ne voit toujours pas le probleme d'envoyer une carte vierge mais bien affranchie.

Légerement degoutée, tu paies tes $1.98 par carte de crédit, et au moment de te donner ton recu long comme le bras (véridique, je viens de vérifier, le recu fait exactement la longueur de mon avant-bras, et ce, pour 3 vignettes a $0.66 est-il besoin de le rappeler), Momo entoure un truc sur ledit recu et te demande, machinalement, l'air de rien:
- How was vacation?

Tu regardes de plus pres et tu vois que le truc entouré sur le ticket c'est l'enquete de satisfaction de ton experience client aujourd'hui avec lui, sur laquelle la prime de Momo sera sans doute indexée en fin de mois. 




A l'occasion aussi, j'ecrirais un article sur le CNPS et la relation client aux Etats-Unis, tiens...





2 commentaires:

  1. ah ah j'adooooore Momo :) c'est à la poste de la 34 eme ? au passage... c'est oui cette histoire de stagiaire ???? bisous

    RépondreSupprimer
  2. Ouiiiii, la poste de 34th entre Park et Lex ! je te raconterai le stagiaire mouhahahahaha

    RépondreSupprimer

Faites-vous plaisir pour exprimer votre ressenti suite à l'article ! Promis, je ne censure pas les jeux de mots...